Vicky Jobin, CRHA, M. Sc.
Fondatrice, Capital V
L’école primaire de mon garçon a intégré un système de soutien au comportement positif (SCP) qui vise à remarquer davantage les bons comportements (responsables, sécuritaires et respectueux) que les mauvais. De conception américaine, reconnue dans des centaines d'écoles aux États-Unis, il a été implanté au Canada par une initiative de trois conseils scolaires francophones de l'Est de l'Ontario. Au Québec, il a été implanté récemment par un groupe de recherche dirigé par Messieurs Steve Bissonnette, Ph. D., professeur à l’Unité d’enseignement et de recherche à l'Éducation à la TELUQ, Carl Bouchard, Ph. D., professeur en psychoéducation et psychologie de l’UQO et Normand St-Georges, professionnel de recherche à la TELUQ. Selon les commentaires du personnel de ces écoles qui ont intégré ce système, et selon les données de ces chercheurs qui l’ont implanté, il semble déjà y avoir une diminution des incidents comportementaux dans les écoles québécoises, à la suite de l’implantation du SCP.
Ce concept me fait beaucoup réfléchir depuis quelques semaines, puisque je prends conscience du nombre de fois par jour où on identifie des mauvais comportements plutôt que des bons, et je réalise que ce regard sur le monde nous fait souffrir en plus de faire souffrir les gestionnaires en entreprise.
On aime parler du conducteur qui a manqué de courtoisie ou qui a été agressif au volant, du voisin qui fait du bruit ou qui ne possède pas les mêmes standards que nous, du travailleur non sécuritaire, de l’employé non performant, et surtout des comportements que l’on qualifie maintenant dans un jargon professionnel de « difficiles ». J’offre d’ailleurs sur ce sujet le cours : La gestion des comportements difficiles, avec l’Institut M3i. Je peux confirmer que les participants ont toujours hâte de partager leurs expériences sur les individus qu’ils côtoient avec des supposés : « comportements difficiles ». puisque ces derniers leur drainent une énorme énergie.
Il y en a certes de ces agissements indisciplinés ou méchants, de ces gens mal intentionnés, mais ils ne représentent qu’une minorité de nos employés ou de la population. Pourtant on dépense une énergie considérable à remarquer leurs faits et gestes, plutôt que les conduites des personnes responsables, sécuritaires et respectueuses, et surtout bien intentionnées, que représentent la plupart des gens.
Pourquoi ne pas intégrer cette culture à nos organisations, soit de canaliser nos énergies pour reconnaître les comportements de nos employés diligents, performants, motivés et mobilisés, qui se dévouent pour faire briller et propulser nos entreprises vers les sommets de la réussite, plutôt que de procéder par une gestion répressive des comportements déviants de nos politiques ou désobéissants de nos gestionnaires ? Le principe veut qu'en reconnaissant les bons comportements, cela a un effet positif et dissuasif sur les mauvais.
Ce n’est pas naturel vous me direz et vous avez bien raison. Je suis moi-même à intégrer le système de SCP dans ma vie personnelle, en identifiant un bon comportement par jour. C’est impressionnant ce que je découvre sur les gens et leurs bonnes intentions, mais c’est également marquant de réaliser à quel point mes réflexes de dépistage de mauvais comportements sont bien ancrés. Le fait de changer mes habitudes me demande un effort important au quotidien.
Bref, ces réflexes prennent du temps à s’intégrer. Pourquoi attendre qu’une génération entière soit formée sur ces principes pour s’y adapter, plutôt que de s'offrir des formations et conférences pour « comprendre et gérer la nouvelle génération », lorsque ces employés et gestionnaires de demain intégreront le marché du travail ?
On attend souvent trop longtemps avant d'adapter nos pratiques de gestion en fonction des nouvelles générations qui arrivent ou en fonction des nouveaux besoins ou des nouvelles tendances de leadership. Soyons proactifs, aiguisons nos réflexes pour les prochaines années et pour les prochaines générations, et adaptons-nous dès maintenant à ce mode de pensées positives et bénéfiques pour nos employés.
Qui plus est, tout comme dans les écoles, empressons-nous de reconnaître et récompenser les comportements souhaités, ce qui mettra en lumière nos valeurs organisationnelles. Intégrons ce renforcement positif qui mobilisera nos troupes. Valorisons les comportements responsables, soulevons les comportements sécuritaires et soulignons les comportements respectueux.
J’invite donc tous les bons gestionnaires à y réfléchir et à emboiter le pas.
Faites-moi part de vos commentaires et n'hésitez pas à partager.
Pour plus d'informations sur le SCP, cliquez sur le lien suivant, cliquez ici. Voici également une vidéo très intéressante sur le sujet.